Berberia lambessanus, autre grand Papillon emblématique et endémique d'Afrique du Nord, est peut-être une espèce jumelle de la
précédente, d’une supposée récente disjonction spécifique. La forte convergence morphologique est d'ailleurs étonnante, notamment chez les femelles indistinguables. Sa répartition atlasique est
assez mitoyenne à celle de B. abdelkader (avec en bonus quelques stations dans le Rif), mais les aires des deux Berberia ne se superposent qu'exceptionnellement, le « chacun chez soi » étant la règle d'or de la concurrence écologique entre
espèces proches. D'où l'énorme intérêt de leur comportement génétique en cas d'immixtion… Les colonies de B. lambessanus résident aussi
sur des nappes d'Alfa, mais à tendance oligophage, quelques autres grandes Graminées peuvent être choisies, comme Stipa parviflora, Lygeum spartum et quelques autres. Il est nettement
plus montagnard que B. abdelkader, avec une préférence pour les versants
ou les collines mésophiles, plutôt que les mornes plateaux arides. (En haut : mâle et femelles de la région de Boulemane, Moyen Atlas central, mai 2001 ; toutes les autres photos :
Massif du Toubkal, Haut Atlas central, juin 2003 et 2005 ; œufs, larve et chrysalides : élevage David Jutzeler).
Nombre de stations au Maroc (2015) : moins de 10 contre moins de 25 jusqu'en 2005 ; en danger. Cette espèce cardinale est en chute libre et voit chaque année
s'effondrer des implantations sous la pression pastorale incontrôlée et l'anéantissement des nappes alfatières (Moyen Atlas). Demande d'urgentes mesures de conservation par la fermeture (dûment
surveillée !) de ses habitats.