La Mélitée du désert (Melitaea deserticola) est une espèce morphologiquement proche de la précédente, mais strictement érémicole. Ses habitats sont la steppe désertique et les montagnes squelettiques présahariennes. C'est un Papillon grégaire qui apparaît en effectif très fourni lors de générations très brèves. Il devient fort rare et peut passer inaperçu les années trop sèches. La forme nominative peuple une bande présaharienne qui va de l'Algérie jusqu'en Arabie Saoudite, en passant par l'Égypte, la Jordanie, Israël et la Syrie. Au Maroc, elle ne trouve que sporadiquement sur la marge la plus steppique de l'Anti-Atlas de Tafraoute où elle partage la biocénose pure et dure de l'érémial, avec Papilio saharae, Euchloe falloui et quelques autres. Sur certains flancs écorchés et plus reculés, comme dans l'Anti-Atlas nord-oriental (Djebel Siroua) ou dans le Haut Atlas du M'Goun, du Dadès ou de l'Ayachi, se manifeste une race plus grêle et petite, orange clair et non plus fauve chamois, d'un pattern et d'un chromatisme beaucoup plus instables que nous avons nommé ssp. alticola, avec mon ami Jean-Marie André, découvreur de l'étrange colonie du Haut Tassaout (M'Goun) qui, dans l'enfer xérothermique des étendues monospécifiques d'un Plantain (Anarrhinum fruticosum) ne cesse de voler par nuées et générations successives, depuis la fonte des neiges à l'entrée de l'hiver suivant ! Outre des morphes très chargées en noir, on y rencontre un aspect très clair, paraissant "blanc" en vol : f. ind. insolitus. Enfin, sur le Plateau de l'Arid, en contreforts septentrionaux du Djebel Ayachi (Haut Atlas nord-oriental) vole la ssp. mideltica (Tarrier), de forte ressemblance avec M. didyma harterti. (Ci-dessus, revers d'un mâle de deserticola deserticola d'Aït Adballah, Anti-Atlas sud-occidental, mars 2000 ; avers d'un mâle et d'une femelle de deserticola alticola du Plateau de l'Arid, Haut Atlas oriental, juin 2001 ; ci-dessous, imagos, larve et chrysalide de deserticola alticola, topotypes d'Aït Tamlil, versant méridional du Haut Atlas central, avril 2013).
Nombre de stations au Maroc (2015) toutes ssp. confondues : moins de 10 ; en danger, bien que les colonies subsistantes montrent un dense
effectif.