La découverte dans les premiers jours d’août 2005 d’un
Cigaritis zohra, très affin à la forme nominative des Hauts Plateaux d’Algérie, dans un habitat steppique et une atmosphère caniculaire,
juste au nord du Djebel Ayachi (Haut Atlas oriental, région de Midelt), soit à quelques petits kilomètres de la station sylvicole du Cirque de Jaffar de ce qu’on nommait Cigaritis zohra monticola, induit un rebondissement du statut
taxinomique de ce dernier. Des preferenda écologiques opposés (l’un est steppicole en terrain sablonneux plat et ouvert, l’autre vole sur les pelouses calcicoles des causses et en lisières
mésophiles des forêts montagnardes humides), une phénologie différente (le premier s’avère bivoltin, tandis que le second est univoltin au printemps) et une monophagie tributaire de plantes-hôtes
appartenant à des familles très distinctes, sont autant de distinctions qui imposent maintenant la disjonction de l’entité marocaine monticola de l’espèce maghrébine zohra. Le sympatrisme observé (les habitats sont
connivents) est incompatible avec la coexistence de deux formes subspécifiques, ce que confirme d’ailleurs les habitus relativement distincts des deux Papillons. Ce Lycène, d’une grande
magnificence, est rarissime et devrait finalement occuper toute la Vallée de l’Oued Moulouya, depuis les contreforts du Haut Atlas oriental jusqu’au nord de l’Oriental, où il fut aussi noté, puis
décrit, de Guercif il y a quelques décennies. Les sujets estivaux figurés de ce zohra
guercifi, mâles et femelles, sont de la région de Midelt (Haut Atlas oriental), août 2005.
Puis mars 2013 vit la plus étonnante de mes
trouvailles au Maroc : une nouvelle et très surprenante rencontre du même Cigaritis zohra, mais dans le
Haut Souss, aux limites du Plateau de Tazenahkt, en un site des plus banal, soit à plus de 600 km de la Moulouya, habitat du premier zohra marocain connu. J'illustre ce C. zohra cryptozohra
par un mâle butinant des inflorescences d'Onobrychis argentea et une femelle fraîchement sortie de la fourmilière (les Cigaritis sont myrmécophiles) qui hébergait sa chysalide (sud-est de Taliouine, Anti-Atlas
nord-oriental). Ce Cuivré, vrai bijou ailé au revers digne d'une joaillerie que l'homme ne saurait
imiter, est un réel subfossile. Sa phénologie est bivoltine avec une apparition vernale, puis une autre estivale dans des conditions caniculaires, laquelle se prolonge jusqu'à l'entrée de
l'automne.
Nombre de stations au Maroc (2015) toutes ssp.
confondues : moins de 5 ; en voie d'extinction. Demande une urgente protection contre les méfaits du surpâturage.